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CLHN - Sodiaal : le projet de la fusion

La semaine dernière, nous apprenions le projet de fusion entre la coopérative laitière CLHN et la coopérative Sodiaal. En marge du conseil de la Fdsea de la Somme, nous avons pu rencontrer Olivier Gaffet, président de Sodiaal Nord, et de Romain Dubois, membre du bureau de la CLHN, qui ont répondu à nos questions.

© AAP


Comment et quand l’idée de cette fusion est-elle née entre vous ?

Romain Dubois : Avant de parler de rapprochement ou de fusion, nous avons connu en 2012 une période compliquée, puisque nos contrats de commercialisation sont arrivés à terme en même temps. Nous avons dû nous retourner et plusieurs questions se sont posées : quels débouchés pour notre lait ? Quels outils pour ces débouchés ? Seuls ou avec qui ?
Dès lors, nous avons fait des choix, comme, par exemple, ne pas nous tourner vers le grand export. Nous avons signé un contrat de commercialisation avec le groupe belge Solarec, qui a généré ce que nous en attendions. Cependant, transporter du lait frais a un coût, et nous avons du coup chercher à le concentrer. C’est ainsi que le premier partenariat s’est trouvé avec Sodiaal, en concentrant une partie de notre lait à Airaines. En parallèle, la CLHN a poursuivi son analyse de se doter d’un outil de transformation propre, au cœur de sa zone de collecte. Nous avions envisagé une tour de séchage, puis, en discutant là encore avec Sodiaal, nous nous sommes réorientés vers l’unité de microfiltration inaugurée récemment à Maromme.
Là encore s’est tissé un partenariat commercial entre nos coopératives. De proche en proche, nous avons poursuivi nos discussions, et pour continuer ces logiques de valeur ajoutée, c’est assez naturellement que nous sommes arrivés à engager le processus de fusion et à la soumettre à nos adhérents.

Olivier Gaffet : Notre rapprochement n’est pas une question de taille. C’est une question de valeur et de valeur ajoutée. De valeur, car nos deux coopératives se posent la même question d’améliorer le prix du lait par la valeur ajoutée. La valeur ajoutée se retrouve par l’économie de fonctionnement que l’on fait, et par l’offre commerciale que l’on propose. Pour un groupe comme Sodiaal, avoir la crème de Normandie dans l’offre, c’est une grande plus-value pour notre offre, et donc pour notre capacité à discuter les prix et valoriser le lait. Quant aux économies de collecte, il suffit de regarder les cartes.

Quelles seront les conséquences pour les adhérents ?
Romain Dubois : Nous avons aussi choisi d’étendre notre partenariat avec Sodiaal, car le principe des «régions» permet d’avoir des interlocuteurs locaux, au cœur des zones de collecte. C’est une dimension importante pour nous.

Olivier Gaffet : Nous allons redéfinir nos régions. Sodiaal Nord avait trois sections : Nord - Ardenne ; Côte d’Opale et Picardie - Normandie. La section Picardie - Normandie et les points de collecte CLHN vont générer une section Picardie et une section Normandie,
toutes deux cohérentes.

Qu’en sera-t-il du capital social ?
Olivier Gaffet : Il sera à terme réajusté sur la même base, qui est de l’ordre actuellement de 36 €/ 1000 litres pour les adhérents de Sodiaal.

Romain Dubois : Aujourd’hui, au sein de la CLHN, les situations sont très disparates, avec des situations allant globalement de 10 à 15 €/ 1000 litres. Nous avions engagé sur les dernières années des réajustements de capital social, car notre volonté de réindustrialiser nous oblige à consolider notre bilan.

Qu’en est-il sur la segmentation des prix ?
Romain Dubois : Chez CLHN, nous avions le prix moyen d’entreprise, sur un volume correspondant au quota historique, et le prix de développement pour les nouveaux volumes contractualisés. C’est le prix de développement qui est en prise sur les marchés. Ce système va de fait s’arrêter, et sur le volume total, nous allons nous retrouver sur le principe «prix A - prix B» de Sodiaal.

Olivier Gaffet : Ce système «Prix A - prix B» correspond à une répartition 90 - 10 du quota historique. Les volumes consacrés au développement ont été affectés en prix B, avec une limite. On ne descend pas en dessous de 70 - 30 en répartition prix A - prix B, quel que soit le développement.

Romain Dubois et Olivier Gaffet : On le sait, il y a forcément des situations où l’on va se sentir soit avantagé, soit désavantagé, et c’est valable dans les deux sens. Pour autant, ce qui l’emporte, c’est le projet global d’entreprise, de valorisation et d’économie pour les éleveurs qui l’emporte. Ces éléments-là sont porteurs de davantage de valeur ajoutée pour tous les adhérents.

Précisément, vous avez des exemples concrets ?
Romain Dubois : Bien sûr. Transporter ou sécher du lait pour le travailler en Belgique, c’est 20 €/T. Le transformer en local, c’est autant d’économie. Notre usine de microfiltration et notre partenariat nous sécurisent des débouchés, tout en optimisant les frais de collecte, et c’est d’autant plus vrai si les cours mondiaux sont bas.

Olivier Gaffet : Cela nous permet aussi une forme de protectionnisme économique. Les entreprises belges qui collectent du lait français savent mettre en valeur cet argument lorsque les GMS françaises veulent du lait français, comme c’est un peu plus le cas depuis cet été. Sur certains marchés, plus on transforme en local, moins on prend le risque de voir du lait revenir «bradé».

Quel et le calendrier ?
Romain Dubois : A la fin du premier trimestre 2016, nous proposerons à tous les adhérents de la CLHN une fusion rétroactive au 1/01/2016. Nous espérons que ce projet aura leur confiance, et qu’ils seront nombreux à venir l’approuver.

Olivier Gaffet : Le même processus sera soumis au vote des délégués au sein de Sodiaal, et je formule le même vœu.

Quel impact sur le prix du lait des six prochains mois et sur le développement des ateliers, notamment des installations ?
Romain Dubois et Olivier Gaffet : Les volumes supplémentaires contractés seront honorés bien entendu, et les politiques de chaque entreprise en matière de soutien aux installations et aux projets de développement sont très proches. Quant aux perspectives de marchés, elles sont identiques, donc il n’y a pas lieu de craindre d’avoir à gérer rétroactivement des écarts significatifs à cet horizon de six mois.

En conclusion ?
Romain Dubois et Olivier Gaffet : Nous sommes convaincus de renforcer notre capacité à être ensemble performants sur la collecte, la transformation et la valorisation pour consolider le prix payé à tous les adhérents, tout en nous appuyant sur un tissu de proximité pour les interlocuteurs de chaque éleveur. Ce projet a du sens. Nous voulons le partager avec tous nos adhérents dans les prochaines réunions d’information.

Réunions d’information
CLHN : mardi 17 novembre à Quincampoix
SODIAAL : Mardi 17 novembre à Lassigny (60), Jeudi 19 novembre à Quesnoy-sur-Airaines,  Vendredi 27 novembre à Authuille


En chiffres
CLHN : 475 adhérents
240 millions de litres de lait
109 millions d’euros de chiffre d’affaires
64 salariés
SODIAAL : 13 200 producteurs, 71 adhérents
4,8 milliards de collecte (5,4 milliards de litres transformés)
5,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires
9 400 salariés en Europe

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