Le monitoring, outil indispensable au suivi de reproduction ?
Le suivi de reproduction est la base d’un élevage laitier efficient. Certains investissent dans un monitoring pour l’optimiser. Quel intérêt ? Quels gains ? Quelle rentabilité ?
Un défaut de maîtrise du suivi de reproduction pourrait coûter entre 2 et 4 000 € à un élevage de cent vaches laitières en un an, soit 3 à 4 € les 1 000 l. «Plusieurs instituts ont mené plusieurs études à ce sujet. Même s’il est difficile de donner des chiffres précis, on peut retenir qu’une reproduction non optimisée a un impact économique de cet ordre», prévient Christophe Monnerie, ingénieur conseil au BTPL (Bureau technique de promotion laitière). Pour optimiser ce suivi, l’idéal est d’assurer trois fois vingt minutes de surveillance chaque jour, en dehors de la traite. Délicat à tenir dans la durée… Le monitoring serait-il l’outil idéal pour améliorer cette reproduction dans les élevages ?
Gwenaël Recoursé, installé à Trémorel, dans les Côtes d’Armor (22), en est convaincu. Lui a opté pour le SenseHub de la marque Allflex. Le principe : un capteur, collier ou boucle, relié à une antenne, détecte les changements de comportement de la vache. Une alerte est envoyée en temps réel sur l’application smartphone ou sur l’ordinateur de l’éleveur pour le prévenir qu’une vache entre en chaleur. «Depuis que je me suis équipé, j’ai gagné en temps et en sérénité», assure Gwenaël Recoursé. La saisie au véhicule par l’inséminateur est transmis en direct au serveur. «Plus besoin de saisir plusieurs fois la même opération.» Lui a surtout équipé ses génisses, qu’il surveillait beaucoup moins que les vaches.
Le monitoring parvient a détecter des chaleurs qui échappaient parfois à l’œil pourtant expert de l’éleveur. «On estime que 17 % des vaches entrent en chaleur sans augmentation d’activité. C’est donc très difficile à voir à l’œil nu, assure Colas Sintive, chez Allflex. Nos monitorings détectent aussi le changement de comportement en termes de rumination. Ils ont un taux de détection de 93 %.»
Le meilleur moment pour inséminer
Surtout, les informations données par le monitoring permettent à Gwenaël Recoursé de déterminer le meilleur moment pour inséminer la vache. «Je me sers de l’index de chaleur, qui me donne une fenêtre d’insémination. J’ai amélioré mon taux de réussite», assure-t-il. Le professionnel compte bien atteindre les objectifs que Bruno Dalez, vétérinaire du réseau Cristal (filière lait) présente.
Premier objectif : un veau par vache et par an. «Dans un bon élevage, l’IVV (interval vêlage-vêlage), fait foi», annonce-t-il. L’objectif à atteindre pour maîtriser le stade moyen en lactation se situe entre 375 et 390 jours. «Trente jours de lactation perdus, c’est 7 à 10 % de production laitière en moins.» L’âge au premier vêlage a aussi son importance : «il faut que les génisses soient pleines entre 22 et 24 mois pour réduire les coûts d’élevage». Autre élément à prendre en compte : le taux de gestation. Il s’exprime en pourcentage et se calcule de la façon suivante : nombre de femelles gestantes/nombre de femelles mises à la reproduction sur la campagne. «Mieux vaut se situer entre 25 et 30 %. Mais pour le calculer, il faut avoir des données et un logiciel adéquat. C’est tout l’intérêt du monitoring.»
Quel coût ?
Le monitoring a cependant un coût, variable selon l’équipement choisi et la taille du troupeau. Comptez en moyenne 10 000 € pour un troupeau de cent vaches. Le gain sur la reproduction serait de 3 000 € par an, et le retour sur investissement atteint au bout de trois ou quatre ans. Les colliers détecteurs ont une durée de vie de sept ans, contre trois ans pour les boucles. «Un investissement qui s’inscrit dans une stratégie globale de l’exploitation», ajoute le vétérinaire.
Quant à la manière de l’utiliser ? Gwenaël Recoursé a investi dans trente colliers pour soixante-dix vaches, mais il ne trouve pas cela suffisant. «Il m’en faudrait cinquante pour suivre tout le troupeau et les génisses.» Bruno Dalez préconise de mettre le collier à la vache dès le premier jour de vêlage car la chaleur de référence est importante. «Souvent, les éleveurs le place trente ou trente-cinq jours après le vêlage, et c’est déjà un peu tard.»
Surveillance au champ possible
L’antenne à laquelle sont reliés les détecteurs couvre 200 sur 500 m. «C’est suffisant pour la grande majorité des bâtiments d’élevage en France», soutient Colas Sintive, d’Allflex. Dans le cas où cette couverture ne suffirait pas, il est possible d’installer une deuxième antenne, qui ne ferait que de relayer les informations à la première, donc moins coûteuse. «Il est aussi possible d’équiper des génisses qui sont au pré, par exemple, grâce à une antenne relais alimentée par une batterie solaire.»