Aller au contenu principal

Pommes de terre - ACS
Pré-buttage d’automne avec engrais verts : le bon plan pour préserver les sols délicats ?

Un essai mené par le GIEE Sols Vivants du Plateau Picard, animé par la Chambre d’agriculture de la Somme, montre l’intérêt du pré-buttage d’automne associé ou pas à un travail du sol pour réussir l’implantation des pommes de terre au printemps. Regardons de plus près les résultats et les leviers de réussite.

Le pré-buttage d’automne fait partie des itinéraires alternatifs permettant de prévenir la compaction des sols. Il consiste à façonner des buttes de pommes de terre et y implanter un couvert à l’automne, afin de structurer le sol durant l’hiver et de bouleverser le moins de terre possible au printemps, à l’implantation de la culture de pommes de terre.

Pré-buttage en craie

Un essai a été mené à l’automne 2023 par le GIEE Sols Vivants du Plateau Picard, animé par Mathilde Lheureux, conseillère à la Chambre d’agriculture de la Somme qui étudie la faisabilité d’implanter des pommes de terre avec des pré-buttes d’automne en parcelle de craie.

Le GIEE teste des pratiques d’implantation de cultures industrielles dans des sols superficiels de l’Amiénois en limitant le plus possible le travail du sol. S’agissant des pommes de terre, plusieurs techniques sont testées au printemps : une plantation avec rotative sur le pré-buttage et une reprise directe dans les pré-buttes, comparées à la plantation en Technique culturale simplifiée (TCS).

Le principe est de semer un couvert végétal en plein et de venir former des buttes dès l’été après moisson. Ainsi, les racines du couvert colonisent le sol, améliorent la vie biologique et permettent d’obtenir une meilleure granulosité et une meilleure porosité qui améliorera la rétention et l’infiltration de l’eau.

Des résultats supérieurs au labour

Lors de rencontres avec des agriculteurs utilisant cette pratique en terres profondes, cette implantation donne de bons résultats, proches des résultats en Techniques culturales simplifiées (TCS) et supérieurs à la technique en labour. Néanmoins, le rendement peut être impacté avec une reprise directe dans les pré-buttes. En effet, la plantation directe sur pré-buttes engendre un réchauffement plus lent du sol qui entraîne une levée plus tardive. Suite à ces retours d’expérience, les agriculteurs du GIEE sont volontaires pour tester cette pratique dans leur contexte pédo-climatique.

Que dit l’essai pré-buttage en craie ?

Les pré-buttes ont été réalisées au 25 septembre 2023 après un déchaumage profond (chisel) afin de générer suffisamment de terre pour former la pré-butte et obtenir une structure assez grossière – motteuse pour éviter une prise en masse pendant l’hiver.  Les espèces choisies pour le couvert ont été adaptées à la date de semis tardive, soit de la moutarde blanche et de la phacélie.

À la sortie de l’hiver, le couvert avec une dominance de phacélie, est assez régulier, avec une biomasse moyenne d’environ 2 tonnes de MS/ha.

Suite au contexte pluvieux de l’automne-hiver dernier, la plantation de pomme de terre fécule s’est effectuée au 22 avril 2024. Dans l’essai, nous comparons une modalité avec une plantation directe dans la pré-butte et une modalité réalisée avec un passage de rotative puis planteuse à une modalité en TCS (couvert détruit avec un passage de déchaumeur (chisel) à la mi-janvier sur gel).

Aussi, pour la modalité en plantation directe dans la pré-butte, il n’y a eu aucun souci à reformer la butte.

Cette année, dans le contexte d’une plantation tardive, la température dans les buttes, mesurées quelques jours après la plantation, est identique pour toutes les modalités (9,2 °C). Vigilance, suite à des travaux antérieurs, avec la plantation en directe qui peut engendrer un réchauffement plus lent du sol, ce qui entraîne une levée plus tardive.

Aucune différence visuelle en végétation tout au long du cycle de la pomme de terre entre les modalités.

Qu’est-ce que ça dit à la récolte ?

La récolte s’est réalisée le 11 octobre dernier :

- la densité de pieds/m² est identique quelle que soit la modalité (32 928 pieds/m² en moyenne)

- la tubérisation est semblable pour toutes les modalités (12 tubercules/pied en moyenne)

- aucune différence significative entre les rendements : cette année, dans cet essai implanté en craie, la modalité de plantation de la pomme de terre avec des pré-buttes d’automne obtient un rendement identique à la plantation en TCS (rendement moyen : 44,9 t/ha)

- pas de différence significative, dans ce contexte pédo-climatique 2024, entre la pré-butte retravaillée au printemps et celle sans passage de la rotative.

Consolider les résultats en 2025

Des résultats prometteurs sur cette campagne 2024 et des travaux qui continuent afin de consolider nos résultats sur plusieurs années pour juger de cette technique dans différents contextes climatiques.

Un nouvel essai a été implanté début août en craie dans l’Amiénois avec un couvert multi-espèces, prochain épisode au printemps !

 

Nos collectifs d’agriculteurs, qui sont-ils ?
La Chambre d’agriculture anime sept collectifs d’agriculteurs Sols Vivants sur le département :
• GIEE ACS en terres superficielles à Airaines qui travaille sur les couverts permanents et la biodiversité des sols ;
• GIEE TCS du Vimeu qui travaille sur les pratiques visant à auto-entretenir la fertilité physique, chimique et biologique des sols ;
• GIEE Agrocarbosol qui travaille sur les systèmes agricoles résilients pour faire face aux enjeux du territoire (eau et érosion) et au changement climatique tout en améliorant le potentiel agronomique du sol ;
• Giee Sols Vivants du Santerre travaille sur les systèmes pommes de terre avec implantation d'intercultures
• GIEE ACS Sols Vivants du Plateau Picard qui travaille sur le semis direct sous couverts dans une rotation avec des cultures industrielles ;
• GIEE du Ponthieu qui travaille sur la fertilité des sols et la réduction des produits phytosanitaires ;
• GIEE du Vermandois qui travaille sur la gestion et la valorisation du carbone et de l’azote des sols.

 

Autre implantation en culture industrielle en limitant le travail du sol

Tour de plaine au printemps dernier dans le cadre du GIEE Sols Vivants Plateau Picard avec son animatrice, Mathilde Lheureux, conseillère Chambre d’agriculture de la Somme chez Bernard Mercier, agriculteur à Candas, sur une parcelle conduite en ACS depuis trois ans : «J’effectue seulement deux passages avant implantation de betteraves en strip till. Un premier à l’automne, ici en sol argileux, je place la grosse dent à 22 cm de profondeur pour bien travailler la structure en profondeur et dégager la paille de la ligne de semis. Je prévois un second passage au printemps sur le même rang avec un disque gaufré ou la dent en fonction des conditions météo.»

 

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

échanges transport de betteraves Cristal Union Tereos optimisation
Logistique betteravière : Cristal Union en veut à l’un de ses concurrents

La coopération entre sucriers pour optimiser les transports de betteraves a pris du plomb dans l’aile lors de la dernière…

Xavier Flinois Safer Hauts-de-France décès hommage
Xavier Flinois, président de la Safer Hauts-de-France, est décédé

Xavier Flinois était une figure marquante de l'agriculture dans les Hauts-de-France, reconnu pour son engagement au service du…

Lefrançois Yves disparition travaux agricoles travaux publics
L’entreprise de travaux publics et agricoles Lefrançois en deuil

Yves Lefrançois, fondateur des établissements Lefrançois TP à Clenleu, s’est éteint à l’âge de 83 ans, le 30 mai.

fermage expulsion huissier justice
Le non-paiement de fermages tourne au vinaigre

Dans le département de l’Orne, l’expulsion d’agriculteurs de parcelles agricoles ordonnée par la justice a viré à l’…

Eppeville sucrerie village d'énergie Saint Louis Sucre
Un projet de reconversion pour l'ex-sucrerie d'Eppeville

Le groupe Saint Louis Sucre a signé un compromis de vente de l’ancienne sucrerie d’Eppeville (Somme) avec Energipole…

Safer Hauts-de-France foncier Xavier Flinois Benoît Thilliez
Un jeune agriculteur à la tête de la Safer Hauts-de-France

Benoît Thilliez, 38 ans, a été élu à l’unanimité à la présidence de la Safer Hauts-de-France où il succède à Xavier Flinois,…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde