Justice
Un éleveur samarien au tribunal pour avoir nourri ses vaches trop tôt le matin
L’audition d’un éleveur du Vimeu au tribunal d’Amiens pour "tapage nocturne" ravive la question des conflits entre agriculteurs et nouveaux riverains.
L’audition d’un éleveur du Vimeu au tribunal d’Amiens pour "tapage nocturne" ravive la question des conflits entre agriculteurs et nouveaux riverains.

Ce mardi 14 octobre, Olivier Berthe, éleveur bovin à Lignières-en-Vimeu (80), devra se présenter au palais de justice d’Amiens. Un voisin de son exploitation l’a en effet assigné en justice pour « tapage nocturne » après trois matinées, en octobre 2024, où l’agriculteur a nourri ses bêtes à 6 heures du matin. Ces horaires, dictés par la saison des récoltes — pommes de terre et betteraves — ne sont pourtant pas inhabituels dans le monde agricole mais ont visiblement dérangé une partie du voisinage.
Une loi pourtant claire
La plainte déposée à l’encontre d’Olivier Berthe interroge cependant. Depuis la loi du 15 avril 2024, les exploitations agricoles sont en effet exonérées de toute responsabilité pour des nuisances préexistantes à l’installation des voisins. En clair : si l’activité agricole était déjà là avant la maison, les plaignants ne peuvent s’en prévaloir. Or, dans ce dossier, l’élevage bovin d’Olivier Berthe existait bien avant l’achat de la résidence par les voisins. Dans un communiqué du vendredi 10 octobre, la FDSEA de la Somme dénonce une procédure « injustifiée » et appelle à un rassemblement de soutien à partir de 8h30 devant le palais de justice.
Soutien de la profession
Plusieurs agriculteurs ont ainsi prévu de se rendre à l’audience en signe de solidarité. « Ce n’est pas simplement le cas d’un éleveur, c’est une question de reconnaissance de notre mode de vie », résume un responsable syndical. Au-delà du dossier judiciaire, Olivier Berthe affirme subir insultes et menaces depuis plusieurs mois.
Un air de déjà-vu : l’affaire Vincent Verschuere
Cette affaire rappelle celle de Vincent Verschuere, éleveur dans l’Oise, lui aussi poursuivi par des voisins pour des « nuisances » liées à son activité. Ce dossier, très médiatisé, avait suscité une vague d’indignation dans le monde agricole, illustrant les tensions croissantes entre campagnes vivantes et attentes urbaines importées. Dans les deux cas, il s’agit de plaintes postérieures à l’installation des riverains, alors même que les activités agricoles sont établies depuis longtemps.
« La campagne n’est pas une carte postale »
Pour la profession agricole, ce nouveau dossier souligne une fracture culturelle : celle entre la réalité du travail agricole — rythmé par les saisons et les impératifs économiques — et une vision idéalisée de la campagne comme lieu de calme absolu.
« La campagne n’est pas une carte postale silencieuse. Elle vit, elle travaille, elle se lève tôt », rappelle la FDSEA 80.